Nouveau billet.
Titre : La nuit.
Uploader la photo prise la veille au soir.
La température intérieure suggère de garder la polaire, celle de l’extérieur dissuade de mettre le nez dehors.
Tant pis.
Ouvrir la fenêtre face au bureau. Les doigts sur le clavier refroidissent en une minute. Taper plus vite, réfléchir moins. Une vaguelette rouge apparait à l’écran sous chaque mot mal orthographié, saisi trop vite. Grogner mais poursuivre.
Plus tard.
Regarder la photo. Tentative laborieuse de saisir la pleine lune. Le froid, la prise de vue à main levée et le long temps d’exposition ont généré un flou, gommé les contours. Validée — c’était ça le truc. Le truc qui éblouit en pleine nuit, maltraite la rétine. Et t’a donné envie de pleurer.
Saisir le zouzou éteint sur le cendrier. Le rallumer, fumer les dernières lattes, l’écraser, reposer les doigts sur le clavier et la souris, parcourir un mail qui vient de tomber et sourire devant une expression choisie plus tôt dans la journée, qui ressort à cette heure-là.
Envoyer du bois
Vérification dans le dictionnaire. Dans la liste des locutions associées au verbe envoyer
, l’expression est coincée entre s'envoyer en l'air
et envoyer valser
. Sourire encore.
Tout juste. Coincé entre les deux.
Rouler un nouveau zouzou. C’est pas sérieux et ça pue mais balek. Quatre jours déconnectés dispensent de.
Premier album de Bon Iver dans les oreilles. Putain de classiques indémodables. T’as beau accumuler la blinde de musique, tu restes accroché à la même quinzaine de galettes.
Re:Stacks démarre. Tu sais déjà que tu vas Répéter
une demi-douzaine de fois, pour étirer le moment. Il y a les secondes de silence entre chaque lecture — tout juste, coincé entre les deux –, parasitées par les acouphènes discrets mais constants dans tes oreilles. Les mêmes acouphènes qui la nuit, dans ton lit, te parasitaient alors qu’elle chuchotait, blottie dans tes bras.
Les quelques secondes. Saisir le téléphone, s’agacer de l’interface, chercher le silence, retenir ton souffle, oublier les acouphènes, se souvenir d’une odeur et d’une peau, lancer une nouvelle lecture, se raccrocher aux premiers accords de guitare qui résonnent et percent les acouphènes, reprendre ton souffle.
Relire. Envoyer valser les vaguelettes. Mettre en ligne. Relire une dernière fois. Un dernier zouzou. Répéter