Finalement, on va pique-niquer avec ma belle-soeur au théâtre à 19h, du coup je serai à la maison à 21h, à 21h30 en ville.
On zappe le dîner et on boit des coups !
Quand elle arrive, c’est un ensemble. Elle s’installe à table, pose son sac et soupire en souriant.
Je n’ai pas pris un gilet. J’en ai pris deux — DEUX –, des fois que j’ai froid. Vingt minutes de vélo électrique — ÉLECTRIQUE — et je suis en sueur. Bonne idée les gilets.
Elle se relève puis se dirige vers l’intérieur du bar, commander une première bière.
La soirée va permettre de courir après les détails — préciser l’ensemble, accorder de l’importance à l’insignifiant. Mémoriser pour savourer à retardement.
C’est un processus erratique. Ce n’est pas une analyse éclair et précise d’enquêteur de série télé. C’est une balade improvisée au cours de la balade improvisée du soir. De bar en bar, de détail en détail.
Aux pieds, elle porte des chaussures ouvertes — une bande de tissu noir fait le tour de chaque cheville, une autre croise à la base des orteils. Quand l’éclairage public s’illumine à la nuit tombée, le reflet des lumières sur le vernis sombre de ses ongles de pieds attire le regard. Son pantalon noir et souple souligne la peau blanche de ses chevilles. Et quand elle marche, le pantalon danse.
Face à un cocktail granité acidulé, le col rond de son haut moucheté d’ocre et de noir révèle le creux de son épaule. Plutôt, il soulignait son cou mince. Plus tard, en quête d’un dernier bar pour un dernier verre, il présentera sa nuque à qui la regardera de dos. Ce col rond improvise lui aussi sa balade.
Tu vois, là, je fais rien. On boit une bière. Et j’ai CHAUD. Bonne idée, les gilets.
Quand elle roule une cigarette, elle continue à bavarder. Au moindre sourire, son rouge à lèvres fend son visage blanc. Puis elle finit son ouvrage, se penche en arrière sur sa chaise, attrape le briquet puis l’allume en protégeant la flamme de sa main malgré l’absence de vent. Cette soudaine lumière donne le premier rôle à la boucle de cheveux contournant son œil droit et vacillant sur sa pommette.
Une petite trace de maquillage orne sa paupière. Une mouche accidentelle. Tu cherches un kleenex que tu ne trouves pas, tu te retiens de lui faire la remarque, elle réapparaitra sans la trace après un passage aux toilettes. Tu souris de la retouche, tout en déplorant la disparition de cette petite trace.
La soirée — la balade — s’improvisera. De bar en bar, de détail en détail. Entre sauts de puce à vélo et lente errance à pied.
Quand elle arrive, c’est un ensemble. Elle s’installe à table, pose son sac et soupire en souriant. Elle se relève puis se dirige vers l’intérieur du bar, commander une première bière. Alors elle révèle un premier détail — un dos nu grand ouvert sur son tatouage.
La soirée va permettre de courir après tous les détails, ce dos nu comme le reste. Et se passera sans gilet.