En été, la densité de population en ville est inversement proportionnelle à la température extérieure. Quand le thermomètre dépasse les 30°
sur les enseignes lumineuses des pharmacies, t’as la paix pour pêcher l’insignifiant.
Tu enfourches ton vélo à l’heure de l’happy hour mais tu évites la joie des terrasses du centre ville pour t’égarer dans les faubourgs. Des coquets quartiers résidentiels aux tristes friches industrielles, des cités dortoirs vieillissantes aux impasses privées pimpantes, la chaleur a libéré l’espace.
Le silence prend toute la place.
Les gribouillis chuchotent partout où ils peuvent.
Ce moment de la journée, à cette période de l’année, offre un luxe : se garer au milieu de la route.
À défaut de trouver tes mots, tu piques ceux des autres, perdus dans les quartiers hauts, coincés entre deux entrepôts, crachés sur une porte ou un mur. Tant d’autres disent tout ce qui leur passe par la tête.
Tu passes la fin de journée à tenter de photographier le silence.
Mais la chaleur rend fou, parait-il.
Il est trop tard pour l’happy hour, pas assez pour la soirée mousse. Tes coups de pédale t’emmènent dans le même sens qu’en journée — loin de la joie des terrasses — mais pas sur les mêmes chemins.
S’éloigner implique de passer d’abord par les zones d’intérêt, où un photographe de plus n’est qu’un touriste de plus.
Mais être touriste à domicile fait du bien.
Enfin les chemins qui ne mènent nul part tracent la voie à suivre.
Nul part mène là où personne ne regarde — sur les places des gares routières,
à l’arrière des restos,
devant les clubs obscurs,
dans les failles des friches rafraîchies par la nuit.
Un détour par le centre ville sonne la fin de la course sauvage et tranquille dans les ruelles.
De retour, un chat perché veille sur la planque. Et la lune veille sur lui.
Plus tard. Après les mini-vacances à domicile, les apéros avec les copines et les quelques heures de podcast à 130km/h au volant d’une voiture de location décevante.
Elle est dans la cuisine, elle s’affaire devant le lave-vaisselle. Sa respiration s’est parée d’un constant gémissement depuis l’année dernière, ses pas sont plus lourds, mais ta présence l’aide à reprendre un peu son souffle. Un peu. À peine.
La chaleur a écrasé l’après-midi. Les nuages qui s’installent annoncent la fin de l’été et le programme de la soirée : Nouveau document
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Écrire pendant un orage, c’est bien.
Mode écrivain maudit ON
FOUS-TOI BIEN DE MA GUEULE