Qu’allait-il survenir lorsque le rideau brumeux qui m’avait dissimulé jusque-là serait entièrement dissipé ? Qu’avait-il pu arriver aux hommes ? Que faire si la cruauté était devenue une passion commune ? Que faire si […] la race avait perdu son humanité, et s’était développée dans la malfaisance, la haine et une volonté farouche de puissance ?
— H.G. Wells
Parfois, le silence et l’immensité sont les preuves criantes de la folie de l’espèce humaine.
Parfois, on reconnaît une imposante silhouette, on devine une fonction sans nécessairement en comprendre l’intérêt — autre que celui d’une vaine lutte pour obtenir toujours plus de pouvoir insignifiant ou d’une course effrénée vers une utopie technologique rarement enthousiasmante.
Parfois, on reste perplexe devant une forme. On peine à imaginer que ça ait pu être utile un jour à quelqu’un.
J’ai voyagé à la recherche de lieux qui avaient autrefois une grande importance pour l’idée de progrès technologique. Ces lieux sont désormais déserts. Ils ont perdu leur signification, ainsi que leur idéologie utopique désormais obsolète. Beaucoup de ces endroits étaient autrefois des villes secrètes, n’apparaissant sur aucune carte ou registre public. Tout progrès touche à sa fin tôt ou tard, ce qui m’intéresse c’est d’être témoin de ce qui reste après.
— Danila Tkachenko
Une trentaine de sites répartis dans l’ex-URSS. Une trentaine d’images. Un lent travail sur plus de deux ans pour identifier, retrouver et photographier tous ces sites.
Restricted Areas est un projet (et un magnifique livre de photos) de Danila Tkachenko sur certains de ces lieux et de ces choses qui n’ont de sens que pour celles et ceux qui ont décidé un jour de les faire exister. Il y a autant d’espoir que de folie dans ces tas de ferraille et de béton.
Espoir + folie = utopie ?
Parfois, on se surprend à rêver que l’espèce humaine n’est rien d’autre qu’une mauvaise blague.