Le réveil à Disneyland, à 6h30, était magique. Les oiseaux étaient magiques. Bruyants,mélodieux, chaotiques, tout ça à la fois. Malgré les limites d’être un ignorant : être incapable de les identifier frustre. On distingue 6/7 chants différents.
Opé à huit heures moins le quart, il a fallu faire le deuil des pains au chocolat commandés la veille. La journée s’annonçait chaude, gaspiller deux balles semblait un prix modique à payer.
Une bien bonne idée. À Chateauneuf sur Loire, en déambulant dans la rue commerçante, une boulangerie fait coucou. La maison comprido. La consonance portugaise du nom incite à s’arrêter. En vitrine, devant la boulangère, la douceur des douceurs, difficile à trouver en France. La drogue en poche, c’est sur un banc en bois, calé face à la Loire, que le shoot s’opère.
Des pasteis de Nata. Là, à Chateauneuf. La douceur des douceurs est à en chialer de bonheur. Tout gourmand qui se respecte sait que c’est à Lisbonne, dans l’immense pâtisserie située à deux pas du monastère des geronimos, que l’on déguste les meilleurs du monde. Des fournées de dizaines de pasteis sortent de la cuisine toute la journée, portées par les serveurs de la boulangerie, secs et musclés comme les membres d’un fight club.
Tout le monde connaît la première règle.
Se siffler deux pasteis, là, par une douce matinée d’été, grâce à un immigré, c’est un bonheur de frappadingue. Et dire que certains se plaignent du métissage et de l’immigration. Pauvres de vous.
Le trajet jusqu’à Orléans se passe en un souffle, lent et régulier. Le long des champs de blé, de maïs. Parfois par des détours dans les bourgs. Les cyclistes solistes partent tôt, ce sont les seuls modèles croisés jusqu’à dix,heures.
Orléans, la ville ressemble à une ville. Avec les mêmes enseignes, boutiques de fringue, magasins de déco et autres âneries insipides. La boulangerie choisie pour acheter un casse dalle a la classe d’un magasin Vuitton sur les Champs-Elysées. Prétentieuse à souhait. Le personnel appelle tout le monde Madaaame, même les bonhommes. Madame prend un sandwich végétarien et taille la route.
Au départ D’Orléans, le même souffle emmène les jambes. Le revêtement, c’est du velours, incitant à rouler encore et toujours. L’arrivée à Meung-sur-Loire se paye le luxe d’un p’tit effet Waouh : au bout d’un chemin, un STOP; à droite du panneau, le pont qui mène à Meung. C’est sur le pont qu’intervient ledit Waouh. En basculant nord Loire, la piscine extérieure du. Led se révèle, l’échiquier géant fait son effet, les bâtisses nettoyées à la brosse à dents aussi. Le petit cours d’eau à deux pas donne envie de pleurer. Les petites rues pentues sont toutes à tomber. Meung devrait être classé au patrimoine mondial, catégorie souci du détail de maboule. Ne pas faire sa pause déj ici serait une insulte. L’office du tourisme du bled devrait faire des t-shirts.
Meung ? J’y étais
Retour en selle. Nord Loire. Chemins de forêt et velours. Le soleil cogne mais les arbres font le job régulièrement. Forêt, je t’aime. Le vent de face décide de s’en mêler quand même. Histoire de.
Saint-Laurent des eaux. Deux autres cheminées narines de Dieu. Mais le polaroid a pris des coups. Le voyage le met à mal. Le clapet des piles a laché, l’objectif fait un peu ce qu’il veut. Mais elles sont là. Troubles.
Sur le velours, passé La touche, un trio grand-père fils petit-fils dépasse poliment. Ils roulent bien, et organisés : à intervalles réguliers, l’un des trois passe devant, faisant profiter de l’aspiration les deux autres. Ils ont tous trois des mollets comme des jambons de pays.
Ok, emboîter peut coûter cher en énergie mais soulager. Calé derrière eux, les mecs m’offrent quelques kilomètres de pur kiff. Grâce à l’aspiration, le vent peut bien aller se faire téter les yeux, le chargement fait des méchantes secousses à la moindre irrégularité mais le rythme est bombe de balle. Un panard de ouf. L’aventure s’arrête quand le velours disparaît, à l’approche de Suevres. Mais, messieurs, du fond de mes cuisses : merci.
Taper dedans chargé comme une mule, c’est cool. Mais ça assèche. À l’approche de Menars, un panneau.
Bar-tabac
C’est à droite. Ladite rue de droite propose une légère ascension, juste ce qu’il faut pour faire chier. En montant, une dame dépasse poliment.
C’est bien l’électrique. Je l’inaugure aujourd’hui.
Une seule pensée : coca zéro.
Allez à droite au stop. La Pompadour.
Merci du tuyau. Chaque errements évités sont une victoire.
J’habite ici. C’est normal que je connaisse quand même.
Le velours a disparu. Le chemin cogne un peu. Suffisamment pour agacer les poignets et chatouiller la partie anale du corps. Le panneau Blois est planté une centaine de mètres avant le pont de l’autoroute. À l’ombre, repérage des lieux de bivouac potentiels pour la nuit. Prendre l’autoroute en contre sens sur le pont, prendre à gauche, rebrousser chemin sur 2/3 bornes. Fastoche.
Damien accueille les hôtes de passage. La file d’attente ne désemplit pas. Le camping est de la taille d’un parking de supermarché mais l’herbe bien coupée et les quelques arbres remplacent le bitume et les lampadaires.
On prend pas de réservation. Et on accueille tout le monde.
La conversation se passe entre 2 coups de fil expédiés.
Si on n’a plus de place, je vous paye l’hotel. S’il reste de la place, vous me payez l’apéro.
Au téléphone, il est toujours expéditif mais sympathique. Les appelants déboulent toujours 20 minutes plus tard.
Ça fait 5 ans qu’on a repris l’affaire. Mon associé a 28 ans et parle 4 langues. J’ai 51 ans, je baragouine 4 mots d’anglais mais je bosse dans le tourisme depuis 30 ans. On se complète bien.
Il prête des pinces pour ouvrir les bouteilles de gaz récalcitrantes, des adaptateurs pour les branchements secteur et des grilles pour les quelques barbecues à dispo dans le camping. Tu laches une caution, il prête, tu ramènes, il rend la caution.
Pour ta bouteille d’eau, si tu veux la récupérer avant 8 heures demain matin, passe par derrière. Sinon, je suis foutu, tout le monde va débouler pour des bricoles.
Le snack diffuse FIP Monde non-stop. Parents et enfants deglinguent des burgers, préparés avec des pains du boulanger.
Calbute et serviettes sèchent sur la toile de tente. Les jambes tressautent parfois pour relâcher la pression. En attendant le zouzou du soir, une bière fraîche et amère a la saveur d’une récompense - un truc mérité.
La fin de journée est une douceur offerte par le monde.
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