Peanut est une tortue découverte en 1993 dans les eaux du Missouri, aux États-Unis. Alors âgée de 9 ans, on constate qu’elle a grandi coincée dans un anneau plastique destinée au maintien de canettes — un déchet d’origine humaine. La forme que sa carapace a prise en grandissant lui a donné son nom — nom donné par des humains. Cette tortue est devenue le symbole de la pollution marine.
Les pastèques carrées ont été produites pour la première fois en 1978 par Tomoyuki Ono, une horticultrice japonaise. Elles poussent et grandissent dans un moule qui leur donne cette forme. Leur culture demande une attention constante, pour éviter que les pastèques ne se fissurent et pour s’assurer de leur croissance normale. Conséquence : leur prix est exorbitant. Si l’idée de départ était d’en faciliter le transport et le conditionnement, ces pastèques sont aujourd’hui vendues pour des raisons décoratives exclusivement.
Un Tamagotchi était un petit dispositif électronique permettant à son ou sa propriétaire de prendre soin sommairement d’un petit animal de compagnie numérique. On pouvait le nourrir, le caresser, le réprimander. Bien que sommaire, le comportement de ces bestioles électroniques a suscité l’implication émotionnelle de millions de personnes — enfants et pré-adolescents principalement. Si les critiques ont souvent souligné l’absurdité et la pauvreté des interactions, peu décelaient l’importance des premières tentatives de relations personnelles et affectives avec des machines. Des Sims aux assistants vocaux, cette approche est aujourd’hui présente dans bien des usages.
Dis Siri, c’est quoi un tamagotchi ?
Peanut, la pastèque carrée et le Tamagotchi sont trois exemples du singulier Bestiary of the Anthropocene.
Historiquement :
Le bestiaire qui nous intéresse ici touche à ces trois domaines (faune, minéraux et flore) ainsi qu’à des miscellanées (ne rentrant dans aucune catégorie). Particularité : tout ce qui est inventorié a un lien avec l’activité humaine. Que ce soit produit par, altéré par ou fruit de ladite activité.
L’exercice est rigoureux : chaque entité est présentée, outre son nom et sa classification, à l’aide d’une illustration et d’un court texte précisant sa nature et le contexte dans lequel on peut la trouver. Rigoureux, mais non-exhaustif. Non-exhaustif, mais pas dénué de sens non plus. On y retrouve ainsi illustré, présenté et classifié : les cratères nucléaires, le soja génétiquement modifié, les traînées de condensation des avions, le plastiglomérat ou bien encore la 5G et le gazon artificiel.
Le livre est un bijou petit format — une impression argentée sur du papier noir. Un monolithe dressant un portrait clinique, élégant et flippant des incidences de notre activité sur Terre.