Examine yourself and the world carefully and sensitively.
Focus on whatever seems interesting and important.
Find what needs you to be expressed.
Pursue ideas that require their form.
Isolate, amplify, organize and share the patterns you see.
Translate private and unusual thoughts and feelings.
Make the unknown familiar and disorganized ordered.
Show people the world they live in and change how they see it.
Make them believe in the impossible.
Acquire whatever skills are necessary, and ask for help when you need it.
Trust your own judgement.
Create whatever is impossible for you, your culture, species and era.
Keep going.
C’est exactement çà, et c’est bien plus difficile, bien plus fragile, que je ne le pensais.
Exactement n’est pas le bon mot. Les notes ci-dessus esquissent un processus – comment partir de l’intime insignifiant pour en faire quelque chose de plus. Ce processus est changeant par nature.
Difficile est un doux euphémisme. Extirper des souvenirs, les jauger en silence pour déterminer s’ils valent la peine, puis essayer d’aller chercher l’important — Qu’est-ce que tu as ressenti à ce moment-là ? — est difficile.
Doux euphémisme.
Doux, effectivement. Certains moments de ta vie, en les observant de loin, longtemps après, estompés, t’apparaissent comme une évidence. (Il en va d’ailleurs de même avec les plus récents.) Il ne pouvait en être autrement. Alors tu les ajoutes à la liste — une autre, une nouvelle – des choses que tu voudrais utiliser, déconstruire, articuler, raconter, pour dire l’important. Même si tu n’arrives pas encore à trouver les mots. Ce que tu couches sur le papier est laid pour l’instant. Mais chaque note que tu prends est une petite ivresse. Une éventualité. Un possible, même — dans les bons jours.
Tu examines. Toi et le monde, et toi dans le monde. Les choses les plus difficiles à scruter sont peut-être celles que l’on n’a pas faites, pas dites, pas osées. Que tu. Que tu n’as pas faites, pas dites, pas osées. Même tes erreurs et tes bassesses sont plus faciles à regarder dans les yeux. Parfois.
Fragile parce que ce processus ne se fait pas à l’abri, dans une éprouvette, une bulle douce et silencieuse. Ce truc-là se fait empêtré dans ton quotidien, pourtant simple et confortable.
Alors tu cherches des combines, tu inventes des stratagèmes pour réduire l’empreinte, l’emprise, la pression exercée par l’extérieur. Tu sens les parasites t’envahir. Tu sens que ta fragile embarcation prend l’eau.
Alors tu écopes.
Tu t’accroches à des mots, des images et des sons intelligents et sensibles, partout où tu peux les dénicher. Les corps dénudés de deux femmes sexagénaires enlacées sur une planche de BD — pour la beauté et la douceur qui s’en dégagent. De jolies définitions de l’amour et du passé dans un film élégant et sophistiqué — pour leur justesse. Une complainte amère mais juste dans une chanson — pour la vérité qu’elle esquisse. Tu sais que tu vas devoir lâcher tout ça pour avancer. Trouver tes mots, guidé par les leurs.
Tu écopes.
Tu serres un peu plus fort dans tes bras celles et ceux qui te sont proches. Tu sais que ce geste provoque chez toi une imperceptible décharge électrique qui te réchauffe.
Tu écopes.
Tu regardes le ciel quand tu pédales et tu laisses les larmes monter. Ne contenir aucune émotion. Ne s’interdire aucune pensée.
Tu écopes.
Pour maintenir ta bulle à flot, extirper l’important, trouver les mots.
Keep going.
Continue.