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Ne pas vraiment mourir, et recommencer

C'est l'histoire de Stanley. Employé N°427. Un singe de l'espace qui fait ce qu'on lui demande. Appuyer sur un bouton. Puis un autre. Encore un. Et ainsi de suite, du matin au soir.

Pour Stanley, cette situation est satisfaisante. C’est le mot que Stanley emploierait sans doute pour décrire son job.

Jusqu’au jour ou ça merde. On ne lui demande plus rien. Quedal. Pas d’instructions. Les heures s’écoulent et c’est le tracé plat sur son écran. Il s’inquiète. Il rumine. Il hésite. Décontenancé. Voilà ce que dirait peut-être Stanley pour évoquer son sentiment dans cette situation.

Okay. Courage. Stanley se lève de sa chaise, s’éloigne de l’écran, fait volte-face puis s’apprête à quitter son bureau N°427. Et, sur le pas de la porte de son bureau, le joueur prend les commandes.

Se retrouver aux manettes d’un singe de l’espace libre de ses choix, ça fait tout drôle. Ces immenses bureaux désertés — mystérieusement, dirait sûrement Stanley — deviennent un terrain de jeu. Pas vraiment un labyrinthe. Plutôt un parcours à choix multiples, corrigerait Stanley.

La porte de droite, la porte de gauche? Grimper l’escalier plutôt que le descendre? Rester sur le monte-charge ou se laisser tomber? Chaque choix possible entraîne une action qui altère le parcours, donc l’issue. Les issues, nuancerait Stanley.

Le Game over n’existe pas. Au bout de chaque chemin emprunté, retour à la case départ. Choix possibles, décision, parcours altéré, issue différente.

Recommencer. Pas Game over.

Inciter le joueur à tout tenter, lui offrir l’illusion du libre arbitre pour finalement lui claquer la porte au nez, le renvoyer à la case départ. Et le remettre à sa place. Rat de laboratoire. Singe de l’espace. Bienvenue au club, clamerait peut-être Stanley.

Ferme-la, Stanley.

En dire plus sur cette parabole serait gâcher. Gâcher ce qui fait la saveur de l’objet. Ledit objet vidéoludique a la singularité des scénarios de Charlie Kaufman (Being John Malkovich, Adaptation, Synecdoche). Il y a une voix-off savoureuse, excellemment bien écrite, comme Portal (1 & 2) ou Thomas Was Alone ont pu en offrir. Il y a tout le design qui est au p’tit poil du cul.

Ce truc-là est un bijou.

Depuis trop longtemps maintenant, l’équipe derrière ce truc-là travaille à une réédition Ultra Deluxe — corrigée, augmentée et multi-plateformes — de cette bizarrerie. Ça traîne, c’est repoussé, encore et encore, mais l’espoir demeure: un jour, Stanley reviendra. Ça reste à prouver, préciserait Stanley.

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